Non, je ne veux pas jouer de la guitare

Ok, il y a un truc que j’ai de plus en plus de mal à cacher, une réalité qu’il me faut désormais affronter totalement, une sorte de coming out à réaliser puisque je ne pourrai plus tromper mon entourage très longtemps : oui je joue à Guitar Hero/Rock Band, et j’aime ça.

Après avoir un peu tâté de Frets on Fire, j’ai réalisé mon premier investissement dans la franchise d’Activision avec GH II en été 2007. A l’époque même les plus ouverts d’esprit de mon entourage m’ont regardé d’un drôle d’œil, raillant tant que possible l’aspect ‘jouet’ de la guitare. Mais le temps a fait son œuvre, le jeu a été testé et jouer à Guitar Hero n’est plus signe d’aliénation parmi les joueurs. Sans être un gros geek, un PGM du jeu ou un fana absolu de rock-pantalon, je veux pouvoir poser ma guitare en plastique dans mon appart sans avoir à répondre systématiquement à la question à la con : «Mais pourquoi tu ne joues pas de la VRAIE guitare ? »

Non, je ne veux pas jouer de la guitare. Non je ne veux pas apprendre des tablatures, me faire mal aux doigts, répéter pendant des heures ou me trouver un groupe. Guitar Hero a cela de magnifique qu’il nous a redémontré le but original du jeu de simulation : incarner ce que l’on ne peut pas/veut pas être tous les jours. Ce principe pourtant primordial n’a cessé d’être roulé dans la farine au cours de la dernière décennie. On est passé du statut de pilote de rallye, spacemarine, agent secret, joueur de tennis professionnel, manager de parc d’attraction à parfaite ménagère obsédée par la couleur de son papier peint, découpeur de concombres devant l’éternel, sosie de Véronique (ou Davina) sur pèse-personne, voire masturbateur de cervelle avec un fameux docteur Japonais. À l’origine de cette mode, les sims bien entendu, mais également Nintendo et sa magnifique politique de logiciel grand publique.

Dix bougies viennent à peine d’être soufflées par Quake III Arena et Unreal Tournament premier du nom, et le moins que l’on puisse dire est que le jeu vidéo emprunte une voie assez particulière. Les FPS de PGM ont laissé la place à des logiciels d’aide à cuisiner, les PC ultra puissant cèdent le pas à des machines qui permettent d’alimenter son Facebook ou de télécharger du pr0n en 1080p quant à l’auteur de ces lignes, il est passé du statut d’ayatollah du Bump mapping à fan de (belles) guitares en plastique. Alors oui, on peut légitimement se poser la question : où serons-nous dans dix ans ? Quel rôle prendra le jeu d’une manière générale et la simulation en particulier. Y aura-t-il encore de la place pour les gens qui veulent se prendre pour quelqu’un d’autre le temps d’une partie ?

Et si oui, qui nous proposera-t-on d’incarner ? Call of Duty : Modern Warfare 2 est le jeu qui a effectué l’un des meilleurs démarrages de ces dernières années laissant même Halo 3 sur le carreau. Et pourtant si j’ai toujours prôné le réalisme sous toutes ses formes par le passé, j’ai vraiment été gêné par le ton général du jeu. Côté gameplay, technique et plaisir de jeu pas de problème, Infinity Ward a assuré, mais plongé au cœur d’un détachement de l’armée US, on se voit gratifié de remarques particulièrement déplacées (« Ces mecs sont désarmés//Et alors ? ») et d’autant plus gênantes qu’elles sonnent très vraies. La vision du monde est on ne peut plus manichéenne et à aucun moment les actions des Etats Unis ne semblent même légèrement remises en cause. Particulièrement flippant. Notamment quand on observe la vision du future du jeu de Microsoft avec un Natal où le joueur n’a même plus la distanciation de la manette mais interagis (ou du moins tente de le faire) à grand coups de poing, pied et autres expressions faciales. Je ne cache donc pas mon statut de vieux con du JV et profite tant que je le peux encore de mes quelques parties de fausse guitare. Et vous?

Non, je ne veux pas jouer de la guitare

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