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11 jeux moins bons que leur marketing

11 jeux moins bons que leur marketingJe surfe un peu sur la vague de remise en question des pratiques PR & Marketing post-Doritosgate pour essayer de mettre en lumière qu'un succès dans l'industrie du jeu c'est la réunion de deux facteurs : un bon produit et une bonne promotion.

Quand un jeu est bon et qu'il est bien marketé (ou marketé à grands coups de millions de dollars) en général pas de problème : les hardcore gamers s'en remettent à l'avis d'une presse consensuelle, les joueurs mainstream précommandent leur jeu sur Amazon ou chez Micromania pour avoir leurs petits ULC qui vont bien et les derniers joueurs casuals se font avoir avec le matraquage médiatique et le bouche à oreille. Ces jeux, on les connait bien, il y a ceux qui reviennent tous les ans (coucou CoD, coucou AC), il y a ceux qui sont plus ponctuels (Arkham City, Skyrim...) et il y a ceux que les fans attendent depuis dix ans (Tous les jeux Blizzard/Rockstar).

Quand un jeu est bon mais qu'il n'est pas bien marketé (ou marketé avec un budget ridicule), ça donne un jeu culte, adoré par un petit groupe de personnes, mais qui le vénèrent avec une ferveur un peu insensée. Ceux là on les reconnait parce qu'il y a toujours un connard pour en parler sur les forums et tout une tripotée de mecs pour acquiescer même s'ils n'y ont jamais joué (typiquement BG&E, Deus Ex, la plupart des jeux Dreamcast, ou ceux dont on parle sur Factor).

Et puis il y a le troisième cas de figure, plus rare et dont on parle moins, c'est quand une bonne communication est faite autour d'un jeu pas terrible. Quand un gros budget ou une équipe maline est placée derrière un jeu surestimé ou juste décevant. Ou tout simplement parce que des gens chargés de vendre le jeu ont des idées plus créatives et originales que les gens chargés de le faire. Comme quoi, tout arrive.


11- Dead Island

En Pologne il y a CDProjekt, c’est acquis, ils font des bons jeux et vendent pas chers ceux des autres. Mais en Pologne il y a aussi Techland. Ils font des jeux pas bien terribles dont l’autre “Call of" celui avec des coboy.
Comme prévu avec les succès de tous les jeux de zombies au monde, il n’a pas fallu longtemps avant que Techland annonce sa propre variation sur le sujet. Mais ce qui n’aurait pu être qu’un trailer d’annonce entre mille a attiré l’attention de toute l’industrie avec une idée toute bête : le montage est inversé.


Le trailer a donc accumulé les miliions de vues et a gagné quelques prix. Le jeu lui était le petit FPS sans prétention auquel on s’attendait.


10 - Mirror's Edge

Ok, c'est pas très sympa parce que tout le monde s'accorde à dire que Mirror's Edge est quand même un jeu très correct. Et d'ailleurs, ce n'est pas tant le gameplay qui est décevant que la narration par rapport à ce qui nous a été vendu. Le trailer du jeu présente un monde à la fois très "pur", mais orwellien dans le fond avec grosses corporations vs. petits livreurs désarmés. On a cette séquence de course poursuite avec ces mouvements de caméra complètement fous, ce body awareness inédit et cette sensation de gigantesque terrain de jeu qui se termine par l'héroïne debout sur une grue sur fond de musique aérienne.


On a envie de jouer cette séquence, certes, mais on a aussi envie de connaître cette histoire, de faire partie de cette révolution contre le système.
Une fois en jeu, on a toujours le gameplay sympa, mais la narration passe quasiment intégralement par de la voix off et des cut-scenes en flash.


9 - Resistance 3

J'ai toujours vu Resistance comme le petit cousin attardé de Killzone, comme Killzone il cherche à être un FPS exclu Playstation en forme de réponse à Halo, comme Killzone il n'a aucune âme, comme Killzone il est la création d'un studio qui faisait des platformers pour kids et qui était bien meilleur dans ce domaine. Sauf que c'est encore moins intéressant et inspiré que Killzone. Je veux dire qui s'est dit : en foutant quelques aliens dans un setting deuxième guerre mondiale, on tient un mix parfait entre Medal of Honor et Halo, ça va être un carton !

Et alors que personne ne se faisait grande illusion quant à la qualité attendue de Resistance 3, tout le monde a été sacrément surpris de ce keyart arty orange à la fois original et assez osé par l’artiste Olly Moss.

Resistance 3
La pochette de Resistance 3

Le meilleur côté de la série, au point que Sony l'a recyclé pour le repack de la trilogie. Mais je suspecte la couleur vive de mieux faire ressortir le jeu en magasin et de maximiser l'attention des gosses à Micromania.


8 - King Kong

King Kong était une de ces petites surprises du début de la Xbox 360 que personne n'attendait à être correct à son annonce. Je veux dire le titre complet était "Peter Jackson's King Kong the official game of the movie" ! A ce tarif, ils auraient pu le vendre directement dans les cinémas entre les nachos et le pop-corn en ajoutant "Tant qu'à aller voir le film, profitez-en pour acheter ce jeu !".
Pourtant dès les premiers trailers, on a repris un peu espoir : le jeu avait des textures HD tirant partie de l'effet Neskgen, des loops de gameplay reprenant les meilleures idées du pauvre Trespasser et une ambiance assez oppressante pour en faire un FPS-survival de qualité.


Ça en tout cas c'était sans compter sur le fait que les 15 minutes de gameplay montrés dans les trailers et vidéos représentaient en fait l'intégralité de la variété du gameplay, répétée en boucle sur les 3-4 heures que durait le jeu.
On reproche souvent au marketing de mentir au consommateur. Le marketing de King Kong disait la vérité. Toute la vérité en l'occurrence.


7 - Halo 2

Ça fait 9 ans et ça fait encore mal. La présentation de Halo 2 par Bungie est juste un exemple bluffant de jusqu'où il est possible d'aller dans l'utilisation des mots "représentation non contractuelle".
Tout d'abord le solo, présenté en grande pompe à l'E3 2003, la démo faite à la presse, n'était pas sous forme de trailer, mais bien d'une séquence de gameplay complète où Master Chief évolue dans ce qui semble être une ville ouverte avec une progression ininterrompue passant par des étapes clés (maintient de position, percée dans les défenses, déplacement en Warthog, attaques surprises, vol de véhicule etc.).


Et même si au final chacun de ces éléments est bien présent dans le jeu complet, la mission sur Terre est parfaitement minable avec des espaces confinés, des zones ouvertes désertes, des temps morts à n'en plus finir et une absence totale de panache.
Le multijoueur n'a pas été épargné l’année suivante, si la map présentée en détail est bien présente dans le jeu (Zanzibar, reprise dans Halo 3), tout ce qui en fait une map intéressante (l'asymétrie, l'équilibre des camps, les modes de jeux spécifiques, l'environnement interactif...) est bien isolé dans le jeu final remplis de maps convenues, attendues et manquant sacrément d'originalité.



6 - Red Steel

Quand Nintendo a annoncé la Wii, on était circonspects. Il y avait du gros potentiel mais rien de ce qui avait été montré ne sentait la révolution. Alors quand Ubisoft a montré un shooter on était un peu émoustillés. Oui, bon d'accord, a posteriori j'imagine que c'était une bonne grosse daube annoncée. Mais on a quand même voulu y croire : il y avait des flingues, des sabres, des Yakuza, même un mode de jeu où la wiimote vous susurrait des objectifs à l'oreille.

Red steel tel que présenté par Ubisoft
Red Steel tel que présenté par Ubisoft

Red steel tel qu’on l’a vu sur wii
Red steel tel qu’on l’a vu sur Wii

Au final on a eu un shooter banal, injouable, dont l'aspect graphique avait été pipeauté et pas qu'un peu, au multijoueur décevant. Une belle représentation de la Wii je dirais.


5 - Limbo

Je sais, taper sur l’indie c’est mal. Mais loin d’être créé dans une cave et vendu à la sauvette sur PirateBay, le jeu a eu droit à une campagne marketing, et pas une petite. Après avoir gagné à peu près tout ce qu’il existe en termes de récompenses pour jeux indés, le titre de Playdead a été pris sous l’aile de Microsoft qui a eu la bonne idée d’en faire son fer de lance du Xbox Live Arcade à grand coups de trailers poseurs d’ambiance et d’annonces sur le dashboard.


Le jeu a évidemment été un énorme succès notamment en raison de l’annonce d’exclusivité du jeu sur 360. Un an plus tard le jeu était bien évidemment dispo sur PS3 et Steam ainsi qu’ajouté au Humble Bundle, vendu en boite avec Mr Splosion Man et Trials HD et faisant l’objet de promos tous les trois mois. Au temps pour le côté indépendant.

Limbo
Limbo, les awards, le pognon.

Au final et si l’ambiance visuelle et sonore est aussi originale que présentée, on se doutait peu que le jeu consistait principalement à avancer vers la droite, sauter toutes les 3 minutes et occasionnellement activer un switch pendant les 3 heures que dure l’aventure.


4 - Brute Force

Brute Force est un cas d’école de jeu sur-vendu par son éditeur (en l'occurrence Microsoft) pour pallier à un vide soudain dans sa gamme. Nous sommes fin 2002, la xbox a été lancée en grande pompe partout dans le monde. Halo a fait son job pour vendre le bousin, mais il faut enchainer. Une première baisse de prix s’impose, mais le nerf de la guerre ce sont les jeux et il faut quelque chose de consistant pour succéder à Halo, le deuxième volet des aventures du gros cyborg n'étant prévu que pour 2004. Le choix se porte sur Digital Anvil, le studio de Chris Roberts, qui prépare depuis plus de deux ans un jeu étonnamment similaire : un shooter, beaucoup de vert, un univers futuriste, de la coop. Mais avec en plus une dimension squad-op et un multijoueur jusqu’à 4, X-com est alors cité comme une des influences du projet. Les trailers vendent du rêve, la promo est intense, c’est décidé, ce sera l’évolution de Halo avec aux commandes le studio des Freelancers et autres Wing Commander. Des rumeurs se répandent quant à la possibilité de phases de shoot spatiales, et la technologie se veut impressionnante avec notamment le très populaire moteur physique Havok de l’époque.


Et puis il y a aussi cette vidéo présentant une mission entièrement réalisée à l’aide des capacités de chaque perso et où la gestion et cohésion de la team semble être un pré-requis pour avancer.

Au final, et malgré les grosses ventes, on s’est retrouvé avec un shooter marron et bourrin, dénué de toute trace de finesse et dont deux des quatres persos étaient particulièrement inutiles. Et des pneus, beaucoup de pneus.


3 - Guitar Hero 2

Pas que le jeu soit particulièrement mauvais, mais c’est juste que la pub TV “Rock Harder on Xbox" était parfaite. Cut de 30 seconde sur Woman des Wolfmother avec un graphisme de Pete Candeland, directeur d’animation qui a œuvré sur les clips de Gorillaz, mix habile de 2D aiguisée et d’éléments 3D avec une ambiance sonore de concert (cris de la foule). Ça m’a vendu le jeu. Et la guitare. Et la plupart des jeux suivants d’ailleurs.


Pourtant en jeu c’est bien à l’infâme 3D dégueulasse de la PS2 qu’on était confronté. Triste ? Pas autant que sur Rock Band Beatles où Candelman a cette fois officié sur les incroyable intro et Outro du jeu alors qu’entre les deux, c’est toujours cette satanée 3D dégueulasse...


2 - Enter the Matrix

Bon, le truc entier est plus un concept marketing qu’un jeu. Mais comme si l’idée de jouer dans l’univers de la série Matrix n’était pas suffisamment excitante, l’idée d’avoir une histoire complémentaire au film et d’enrichir l’univers, non pas comme un bête spin-off mais comme une partie intégrante de l’expérience Matrix faisait sacrément rêver. Et toute la campagne de comm semblait n’avoir qu’un seul but : rassurer les fans quant au fait que le jeu ne serait pas une adaptation foireuse de plus. On nous a d’abord raconté à quel point les Wachowski étaient de grands fans de jeux vidéo et que Enter the Matrix était leur idée et qu’ils (à l’époque) ne laisseraient pas le jeu Matrix être fait par des tacherons. Puis on nous a expliqué comment les développeurs ont été triés sur le volet pour ne garder que les grosbills qui comprenaient Matrix. On nous a montré des heures de making-of avec les acteurs se pretant au jeu de la motion-capture et du doublage en parallèle au tournage du film. On nous a expliqué la technologie du moteur capable de rééchantillonner les polygones en fonction de la distance. On nous a promis des phases variées avec des bagnoles et des vaisseaux. On nous a anoncé que le budget du jeu était parmis les plus élevés au monde. On nous a dit comment le jeu aurait une heure de scènes inédites. Et puis on nous a packé tout ça dans des trailers aguicheurs et vendu sous des noms conceptuels comme « the next evolution of interactive entertainment ».

Enter the Matrix
Enter the Matrix. La plus belle campagne d’Atari.

Au final, et de manière assez ironique c’est le prototype du portage de film auquel on a eu droit sous forme d’un TPS mou, moche, et injouable vaguement refait l’année suivante avec Path of Neo, le concept intéressant en moins.

1 - Every goddamn Gearbox game

Évidemment, il est facile de pointer du doigt Aliens Colonial Marines et ses chouettes trailers sur fond de BO de Moon. Il est facile de dire aujourd’hui que ce FPS dans l’univers d’Alien est un mauvais jeu, mal réalisé, pas très joli et certainement pas fun. On lit à droite à gauches des morceaux d’explications sur les reports successifs, la sous-traitance à un studio pas bien brillant, les ennuis avec SEGA, tout ça tout ça…
Pourtant pendant tout ce temps, la presse et les joueurs n’y ont vu que du feu. Et même après la débâcle des reviews, le jeu n’a pas eu grand mal à se hisser dans les tops des ventes. Alors d’accord, il y a le setting, la licence qui fait beaucoup mais franchement, est-ce que c’est si étonnant ?

Randy Pitchford
Randy Pitchford faisant le mariole pour la sortie de DNF.

Car si l’on arrête ces bêtises cinq secondes et qu’on regarde de plus près Gearbox on se rend compte que tous leurs jeux ont finalement bénéficié d’un hype plus ou moins injustifié. Il y a les mauvais d’abord avec Duke Nukem Forever qui, aussi ringard soit-il, a réussi le plus beau coup de buzz de 2011 avec son humour redneck et son passé douloureux, ou Brother in Arms qui avait tenté de jouer la carte Band of Brother dans un FPS/cover pas bien excitant avant de singer Inglourious Basterds dans un projet pour le moment trop silencieux pour être honnête. Il y a les bons avec Borderlands RPG mou du genou et passablement ennuyeux qui se fait passer pour un FPS un peu partout. Les portages un peu balourds comme Halo PC qui devait apporter du gros multijoueur en ligne et des nouvelles maps à grande échelle, et qui s’est lamentablement planté comme le jeu dont le plus gros ennemi reste le lag, ou CS : Condition Zero, le mod solo pour le mod multi tiré d’un jeu solo.
Tous ces jeux ont un point commun : une communication impertinente, lourde et débridée qui caresse le joueur bourrin dans le sens du poil mais qui se termine par un produit décevant. Dans les bons cas.

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