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Up in the air, Down in the Market

Au boulot!


L’autre jour j’ai eu l’occasion de voir Up in the Air, le nouveau film de Jason Reitman (Juno, Thank you for smoking…) qui s’avère vraiment et sans être un chef d’œuvre, être une plutôt pas mauvaise surprise, qui arrivera peut être même à se frayer un chemin vers la statuette dorée. Clooney y incarne un anti-chasseur de tête, qui au contraire des DRH affutés n’exerce pas son talent a recruté la personne idéal mais plutôt à virer de manière efficace et sans bavure. Il devra tout au long du film servir de guide à une jeune louve fraiche émoulue de sa fac prestigieuse et qui va remettre en cause le mode de vie du gentleman-remercieur.


up


Rien de parfaitement original, la structure est peu ou prou la même qu’utilisée dans Thank You for Smoking (où Aaron Eckhart était lobbyiste pour l’industrie du tabac…) : un corporate asshole très classe jette un œil désabusé sur sa vie amorale mais très fun à grands coups de répliques, finement écrite et d’un cynisme incroyable. Pourtant la recette marche pas mal grâce à la certaine subtilité de Reitman qui esquive les ficelles trop énormes. Pourtant et sans spoiler le film on remarque un ton infiniment plus sombre que dans les précédents films. Si le tabac était surtout une grosse marrade (gosses cancéreux y compris) dans TFS, la situation économique des États-Unis n’est pas autant prise à la légère que prévu.

tfs


Ce sentiment se retrouve dans tout un pan de la culture audiovisuelle américaine actuelle. On se souvient du revirement de Desperate Housewives où les principaux personnages voyaient leur plus ou moins ostentatoire richesse leur filer entre les doigts. On se rappelle un peu moins de Sunshine Cleaning le film de Christine Jeffs, pendant glauque de Little Miss Sunshine, qui narrait l’entreprise de nettoyage de scènes de crimes de deux sœurs fauchées. Enfin en France on ne connait quasiment pas Hung, la série produite par Alexander Payne bâtie toute entière sur la crise économique mettant en scène un prof de sport fauché et à la rue qui se trouve obligé de devenir Gigolo pour subvenir aux besoins de ses deux enfants.

hung


Ces quelques exemples parmi tant d’autres pourraient n’être que le signe d’un certain opportuniste de la part des scénaristes, mais j’aime à y voir une faculté assez unique qu’a la société américaine à se retourner en quasi temps réel sur ses propres problèmes. Là où les sociétés européennes mettent des années à trouver l’audace de planter des fictions dans ses déchirements (La première comédie Allemande sur la Seconde Guerre Mondiale date de 2007 !), les Etats Unis se servent de l’œuvre de fiction pour réaliser une auto-analyse souvent bien plus fine que celles de la plupart des experts, supposés chargés d’en réaliser. Pourquoi Gus Van Sant a-t-il pu tourner Elephant, tout juste quatre ans après la fusillade de Columbine, pourquoi Oliver Stone a-t-il pu réaliser World Trade Center seulement cinq ans après les attentats et W. avant même la fin du mandat de George Bush ?

elephant


Évidemment il y a le facteur réalisateurs indés engagés. Taper sur ce qui ne va pas à travers les films c’est quelque chose de courant chez les américains, alors que les réalisateurs français préfèrent raconter leur divorce de bobo. J’en veut pour preuve le succès considérable des docus de Moore, qui n’ont pas, d’après moi, leur équivalent dans d’autres pays.

moore


Mais il y a, je pense, dans cette société, qui vit à un rythme effréné dans tous ses domaines, une certaine urgence à exorciser ses propres névroses, à se servir de la grosse machine de l’Entertainment comme d’une catharsis. Après tout si l’on est capable d’en faire des produits de consommation de masse c’est que tout ne va pas si mal, et the show can go on.

Cinéma | BlueHunter | 08 janvier 2010
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