Boucherie et Poésie
Étant donné que de notre point de vue, ce qu'il y a de plus fun dans le jeu vidéo en ce moment consiste à tapoter des instruments en plastique, on se dit que c'est le bon moment de voir ce qu'on a raté dans la décennie passée.
Son aîné a soufflé ses quinze bougies quelques jours auparavant. Elle, elle file encore tranquillement vers ses dix ans de squat des magasins. Oui, on a enfin mit la main sur une Playstation 2. Celle la même qui a tué la Dreamcast puis a tiré vers le bas les jeux d'une génération entière de consoles; sur le plan technique bien sûr.
La Ps2 a du vécu. Sa place de leader dans la génération précédente fait qu'elle a un parc de jeux impressionnant. Je ne sais pas si on est si difficiles que ça mais les exclusivités nous intéressant se comptent sur les doigts d'une main. Un restant de mauvaise foi peut-être. Pour l'instant, on s'est attaqué à deux chefs d'œuvre de la console : Ico et God of War II. La poésie et la boucherie, ça nous va bien.
À la sortie d'Ico, j'étais très sceptique vis à vis de son principe. Tuer des ombres bizarres, résoudre des énigmes tout en trimballant une princesse-boulet d'un bout à l'autre d'un gros château. Mouais. Faut dire que j'avais été marqué au fer rouge par
À ma plus grande surprise (et joie), Ico, ce n'est pas ça. Du moins pas totalement. Ico reprend le modèle du conte avec un héros sauvant la princesse dans un gros château. La sorcière fait ici office de grand méchant. Là où le jeu change la donne, c'est qu'il s'occupe de la relation qui se noue entre le héros et la princesse. Le temps de sortir d'un pièce, de monter une tour et Yorka, la fille à secourir est déjà à nos côtés. Dès lors, le jeu ne va cesser de nous pousser à nous attacher à cette étrange fille via l'avatar. C'est bien simple, dans toutes les endroits où vous irez, elle sera là. Les seuls moments où vous vous en éloignez c'est pour trouver un moyen de la faire passer à un endroit. Cette logique atteint même le système de sauvegarde puisqu'il faudra qu'elle soit saine et sauve à côté de vous sur un banc pour pouvoir sauvegarder la partie manuellement.
Une chose qui m'a frappé est le level design, le château est immense. IM-MEN-SE. Cela renforce le sentiment de solitude. Car à part les chevaliers du début, les ombres et la sorcière, on ne rencontre personne. Encore un bon moyen de s'attacher à Yorka ? Quoiqu'il en soit, on sent bien la grandeur du château mais aussi son isolement par rapport au continent, du moins à une plus grosse île d'où le garçon vient. En traversant ce château, non seulement on ne rencontre aucune personne, donc aucun boss idiot mais en plus on a jamais l'impression de faire un niveau. À part quelques cut scenes, on a rarement de coupures délimitant des étapes. Du coup, on reste sans cesse dans l'histoire, un peu comme un film. D'ailleurs, c'est aussi comme dans un film que le joueur subit grandement la narration. On a pas de choix véritables à faire. La plupart des plans de caméra nous disent où aller. On résout des énigmes avec des bouts de bois, on tue quelques méchants et c'est tout.
Bout de bois, énigmes et ennemis pas bien méchants. Hey mais on dirait le jeu KingKong ! Bah comme lui, Ico se finit en sept heures. Le gameplay peu varié tournerait vraiment en rond au delà de ce temps. Vu l'expérience de jeu, cette courte durée de vie est largement pardonnable. En tout cas, pour ma part je préfère largement un jeu court et génial qu'un jeu trop long et chiant. Bref, je regrette vraiment pas le prix indécent que j'ai mis dans ce jeu d'occasion. Par contre, je regrette vraiment de n'avoir vu que très peu voir aucune bonne idée reprise dans les jeux plus récents auquel j'ai joué.
Hé hop ! On passe d'un frêle garçon cornu muni d'un bout de bois à un chauve musclé munis de gros haches pleines de sang. God of War II ne perd pas temps et reprend, j'imagine, là où nous avait laissé l'opus précédent. Kratos est maintenant un dieu, il est toujours en colère et continue de dessouder des gens via l'armée de Sparte. Une cinématique passée et on se retrouve déjà au milieu d'une invasion spartiate avec un colosse de pierre aux fesses. Ça chôme pas. Dès lors le rythme soutenu ne bouge plus. Enfin jusque là où j'ai été...
Ouais j'ai pas (encore ?) fini le jeu. Mais même en allant jusque là où j'ai été, on voit clairement que le jeu se pose comme maître étalon du genre. Tout ce que vous pouvez trouver dans un beat'em all y est. Et en plus, le jeu se permet donc de ne pas faire de temps mort et tente régulièrement de varier son gameplay par des quicktime event. On a même des PNJ belliqueux géants comme dans Shadow of the Colossus. Bon c'est pas aussi cool mais ils ont de la gueule.
Malheureusement en ce qui me concerne la sauce ne prend vraiment pas. Je suis convaincu que les beat'em all sont des genres très limités qui n'aurait pas dû survivre jusqu'à cette époque. Bon sur XboxLive Arcade, je n'aurais rien dit mais à 70€ à côté d'un Mass Effect, ça me fait mal. Sérieusement, la seule chose possible à faire est de tuer son ennemi. Pour cela, on a une liste de combos qui se ressemblent tous et aucun moyen d'aborder une situation sous plusieurs angles. Quant au reste, on a pas de quoi se raccrocher aux héros puisqu'ils sont souvent juste des gros badass (Kratos, Dante) ou des ados révoltés (Nero) sans saveur. Les scénarios oscillent entre le film du dimanche soir (pour les américains) et l'anime incohérent bourré d'action (pour les japonais). En ce qui concerne God of War, la série s'en tire pas trop mal sur ce point puisqu'elle puise dans la mythologie grecque et même si elle n'est pas respectée pour les besoin du jeu, ça fait du bien de changer un peu.
Encore un sentiment personnel, dans les beat'em all et généralement les jeux d'action japonais, j'ai toujours l'impression d'être enfermé dans le chemin que les développeurs ont tracés. Dans Ico, les endroits du château où le garçon ne peut se faufiler sont clairement montrés : une grande barrière avec des piques, un mur, un pont relevé, etc. Ce n'est jamais, ou rarement, dérangeant. Dans God of War II ou Devil May Cry 4, on dirige un type surpuissant qui saura grimper ou sauter très très haut mais sera incapable de sauter certains obstacles pas bien méchants ou d'accéder à une pièce parce qu'elle est situé un étage en dessous malgré un petit saut de deux mètres à faire. Pour DMC4 c'était encore plus frustrant puisque beaucoup de portes s'ouvraient après avoir tué les sbires de la pièce. C'est atroce pour un jeu sorti en 2008. God of War II ne va pas jusque là lui.
Notre périple dans la redécouverte de la Playstation 2 commence pas mal. Un bon, un nul. On garde Ico et on laisse volontiers God of War aux dingues des combos. Sinon dans notre collimateur : Shadow of the Colossus (déjà pris), Killer 7 (déjà baisé) parce qu'il est trop cher sur GameCube et Okami. Hé oui, ces trois titres sont les seules jeux Ps2 qu'on a trouvé, sachant qu'Okami et Killer 7 sont sortis sur d'autres consoles. Mais vous pouvez nous aider. Si on enlève les jeux de combats et les RPG japonais, il reste quoi comme bonnes exclusivités Ps2 que vous connaissez ? Metal Gears Solid 3 ? Quoi d'autres ?
Aucun commentaire
Poster un commentaire