Entretien avec un Vandya
Aujourd'hui et rien que pour vous, nous inaugurons un nouveau type de billets : la mini interview. Pour ce premier épisode c'est Vandya qui inaugure le questionnaire et essuie les plâtres. Petite plongée dans la tête d'un des machinéastes Halo les plus talentueux.
Salut Vandya, Peux-tu te présenter un peu en guise d’introduction ?
Bien sûr Mon nom complet est Anthony Guerrero. J’ai 22 ans, je suis né et vis dans la région du nord en Picardie à côté de mes voisins connu, les ch’tis. Je viens tout juste d’avoir mon BTS commerce et je me réoriente vers les voies de l’éducation à l’université d’Amiens. Je baigne dans la console depuis mon plus jeune âge et ai toujours été un grand joueur jusqu’à récemment où j’ai énormément freiné car ça ne m’amuse plus autant. Je suis la saga Halo depuis ses débuts.
Qu’est-ce qui t’as poussé à faire du machinima, qu’est-ce qui te motive à continuer ?
Comme je l’ai dit j’ai été un gros joueur. Lorsque j’ai découvert Halo j’ai tout de suite été happé par son univers et son gameplay. J’en ai d’ailleurs lu tous les bouquins. Je consacré beaucoup de temps à ce jeu et plus encore quand j’ai découvert la communauté qui résidé derrière. C’est à ce moment là que j’ai découvert le machinima. ça à commencé par les Red vs Blue et The codex où j’ai toujours été frustré de ne rien comprendre, puis j’ai découvert Greg 10 et la TGO et plus tard B-Wort. Le fait de voir cet univers que j’affectionnais repris avec humours sous forme de film était pour moi magique et je regardé plusieurs fois chaque épisode me marrant comme un con à chaque fois. A ce moment là je ne me disais pas encore que j’en ferai moi-même un jour.
J’ai demandé une carte d’acqui quelque temps après afin de réaliser des montages de frags et ayant acquis des bases en montage grâce à ces vidéos justement je me suis rendu compte que je pouvais moi aussi créer mes films. J’étais super heureux car c’était une voie qui me branchait et j’avais des idées à revendre. ça a commencé avec Redblei qui n’a jamais vu le jour mis à part une bande annonce, puis The Strange Story sous Halo 2. Après un long retrait de la scène pour la compétition en Lan, je suis revenu avec un nouveau projet, cette fois-ci sous halo 3, Halo Destiny, qui réunissait pas mal de beau monde chacun ayant leur expérience dans un domaine particulier mais qui au bout du compte ne se fera pas. Lassé et frustré des projets que j’annoncé et ne parvenais pas à mettre en place j’ai fait seul dans l’ombre le Zapatabadou. Ayant reçu un bon accueil j’ai voulu rester dans le registre comique avec Ya-t-il un spartan (ou deux) pour sauver la base nid d’aigle ou je prenais le risque à nouveau de retourner sur le live.
Ce qui me pousse à continuer c’est cette satisfaction qui ressort lorsqu’on arrive au terme d’un projet et le fait d’avoir créé quelque chose venant de soi. J’ai un grand besoin de m’exprimer de cette façon car je me sens capable de faire ressentir des choses et je considère que lorsque j’ai du temps plutôt que de le perdre bêtement autant se mettre à l’œuvre et essayé de créer quelque chose de nouveau.
Quelles sont les références, les coups de cœurs et les sources d’inspirations que tu as en tête lorsque tu réalises un film ?
Cela dépend du registre sur lequel je m’engage. Mais de façon générale je me base plus sur les émotions que je ressentais avec les films de mon enfance que celles de maintenant. La raison en est que l’on est beaucoup plus influençable en jeune âge où tout nous paraît magique, où tout est à découvrir et où on distingue encore difficilement la réalité de la fiction et donc tout est beaucoup plus fort. Il est plus difficile aujourd’hui, compte tenu de mon exigence, en terme de qualité de ressentir à nouveau de telles choses. Mais pour en revenir à ta question, dans ce qui m’inspire d’une façon ou d’une autre même si ca paraît décalé je retiens la saga des Indiana Jones, des Retour vers le Futur, les Hot Shots, les Y a-t-il un flic. Beaucoup d’influences aussi de la part des mangas Dragon Ball et les Chevalier du Zodiac. En matière de machinima je vois les Red vs Blue, Tales of The Past 3 et mes premières découvertes française sur Halo citées plus haut. Je te donne mes souvenirs les plus forts et évidemment bien d’autres œuvres m’ont marqué mais ce sont celles qui me reviennent constamment.
Combien de temps te prend la création d’un machinima ?
J’ai trois grosses phases lors de la création d’un machinima aujourd’hui. Je me base sur le y a-t-il un spartan car auparavant je me contentais de griffonner quelques idées sur un papier et je pensais le gros lors du tournage. L’écriture du script qui me prend facile un mois car j’attends que les idées me viennent. Puis je les rassemble, je fais un mic mac et je ponds le script final. Vient le tournage qui prend bien deux semaines avec de 2 à 4 heures par jour selon les séquences, leur difficulté à les mettre en place et les scènes devant être refaites car jugées mauvaises. Trois quatre jours pour les voix car j’ai différentes sources et c’est selon leurs disponibilités. Puis viens la post-production, une semaine mais un nombre incalculable d’heures pour cacher les défauts et assurer un rendu correct.
Donc pour un machinima de 11 min, compter environs un mois et demi.
Quel aspect de la création d’un film te passionne le plus ? Le moins ? Quel est le plus pénible ?
Je m’enflamme lorsque les idées me viennent lors de l’élaboration du script. Ce passage où tout est clair et on sait exactement comment on va amener la chose. J’apprécie aussi énormément le début du tournage également ou tout le monde est ultra-motivé et ou on déborde d’énergie. Puis viens la finalisation du projet, quand enfin je peux enfin plaquer ces deux bandes pour obtenir du 16/9 et voir qu’à partir d’un moteur de jeu on est parvenu à créer un petit film. Enfin la diffusion du projet et l’attente des premier commentaires que l’on espère positifs.
Ce que j’aime le moins mais c’est une spécificité du machinima c’est de bosser seul sur le projet et de na pas pouvoir partager les moments de lassitude ou de joie avec une équipe qui vous assiste derrière. Être porté par l’engouement général d’une équipe doit être exaltant.
Le plus pénible je dirais que c’est la frustration en post-production lorsqu’un petit détail à la con vous gêne et que vous passez des heures à essayer de le camoufler ou vous retourner sur les planches du tournage pour recommencer la même scène.
Depuis tes premiers projets jusqu’à opération nid d’aigle, qu’est-ce qui a le plus évolué dans ta manière d’appréhender la réalisation ?
C’est la façon dont je m’approprie le projet et mon organisation. à mes débuts, toutes mes idées émergeaient d’une bande son de films que j’écoutais et je construisais le scénario sur des musiques. ça avait pour conséquence de segmenter mon histoire en plein de petites parties dont il fallait combler les trous et c’est justement là ou je butais et ou je me démotivais. D’autant que bâtir une séquence sur une musique est difficile car c’est la synchronisation qui conditionne la réussite et entre les temps que l’on imagine avoir pour présenter les plans et le temps qu’impose la musique il y a parfois un fossé. C’est ce problème qui m’à fait lâcher le « Projet 8 » car je ne m’en sortais pas avec la musique.
Aujourd’hui je construis mon histoire selon comment elle me vient et je trouve une musique qui correspond après. Je fais des schémas très sommaires sur papier des grosses scènes avec le nombre de plans etc. afin de retrouver toutes les subtilités imaginée que j’aurais tendance à oublier. Puis la rédaction du script me permet de combler les petits trous qui manquent. Je parle beaucoup de script car pour moi c’est le cœur de la réalisation et sans lui on avance dans le noir.
Pour répondre donc clairement, je rationnalise mon imagination en lui donnant un fond et une forme sur papier par l’écriture ou les dessins sans quoi il me serait impossible de faire naître quelque chose et ca resterait purement un fantasme imaginaire.
Vers quoi essayes-tu de mener tes films dorénavant, de quoi sera constitué l’avenir des Vandyachinimas ?
J’ai énormément d’idées et de voies que j’aimerais suivre mais les exigences de la vie freinent naturellement mon élan. J’aime l’humour débile comme j’en use actuellement et tant que j’en aurais l’inspiration je pense que mes futures productions se verront dotées de ces gags pour garder une ambiance cool. Mais un truc qui me botte vraiment au cinéma c’est les histoires qui jouent sur des aspects temporels. Je réfléchis à une éventuelle adaptation d’un jour sans fin ou d’un retour vers le futur II où le personnage se voit confronté à des situations de déjà-vu. C’est un challenge très excitant tant au niveau de l’écriture que de la réalisation et c’est largement faisable en machinima où l’on créer plusieurs fois un même perso. Sinon j’ai toujours des envies de grand film Hollywoodien mais je n’ai ni le temps, ni les conditions techniques (ni les capacités ?) à de tels projets.
Pour l’heure, si je vais essayer de lâcher la suite de Y a-t-il un spartan avant fin septembre (j’ai lâché une date ? Impossible…), le temps que va me prendre mes études pour l’année à venir sera peut-être trop conséquent pour voir d’autre machinima arriver de suite. Mais comme j’y ai pris goût on verra…
Avec Oemotion, tu as tenté de fédérer un peu la création de machinima en France en lui apportant un aspect plus cadré et une organisation plus claire. Quel retour peux-tu faire sur cette expérience ? Etait-ce trop tôt ? Trop ambitieux ? Et que penses-tu de son reboot par Futur Life ? (Sois méchant)
Oemotion… A l’époque, on était quelques gamins aimant les vidéos de frags et les machinimas voulant s’unir pour gagner en importance et se faire un nom dans la communauté. On a en quelque sorte réussit puisque malgré la très faible activité des membres, je ne parle pas d’Hemdall qui a été une vraie révélation dans le milieu de l’édition de frag-movie, on parlait beaucoup de nous car pour les sites de frags qui émergeait c’était plutôt bon pour eux de médiatiser un « studio » de production de français, ça leur donnait de l’importance puisque qu’ils nous hébergeaient. Mis à part ça je ne garde pas un bon souvenir d’une telle association car pour moi c’était synonyme de compte à rendre et un devoir de rattachement de toutes ses créations à un nom qui ne signifiait rien puisqu’on travaillait tous de nôtre côté sans respecter aucune charte ou règlement propre à un groupe distinct. Je n’oublie pas en revanche les relations plus ou mois fortes que j’ai tissé avec les membres notamment avec Slaj et Hemdall.
Après en termes de machinimas on à eu beaucoup de projets mais aucun n’a vu le jour. Donc nous n’avons rien apporté à ce niveau là. Pour la reprise par Futur, il a acquis un nom mais a tout à prouver car il n’y eu aucun transfert de compétence (mis à part Slaj) et, au bout du compte, nous n’avions rien vraiment bâtît. Je lui souhaite bon courage.
Travailles-tu mieux en solo ? Combien de personnes te filent un coup de main pour un épisode ?
J’imagine et j’aime appliquer les choses selon ma propre vision. C’est pourquoi je travail seul pour tout ce qui est élaboration du scénario et montage. En revanche j’ai besoin de monde pour la réalisation des scènes et des voix et j’ai parfois besoin de l’imagination des autres pour approfondir mes idées. Je me suis donc entouré pour cela d’une bien belle équipe recruté sur Halo Destiny avec qui je compte bien continuer car il ne manque pas de sérieux et d’implication, ce qui est essentiel. Compter environs 6 personnes fixes (voix et acteur inclus) sur qui je peux compter.
Pourquoi ce bébé en avatar ?
Parce que c’est trop mignon. Mais j’ai changé car le depuis le temps que je l’ai il a pris un coup de vieux. Et toi pourquoi ce chien ?
Pour les mêmes raisons en fait, d’ailleurs le mien aussi a changé, Black Power, c’est plus tendance depuis Obama. Dans quelle direction va évoluer le machinima dans les années à venir d’après toi ?
Je pense que pour le machinima l’avenir est au beau fixe. De plus en plus de personnes issues du secteur de l’audiovisuel s’intéressent à cet outil d’animation et sa notoriété dans la communauté vidéoludique va en grandissant. Le machinima s’ouvre à de nouvelles possibilités tous les jours, par exemple certaines productions cherchent aujourd’hui à élargir l’univers du jeu par incrustation de différents éléments non issus du jeu. Je pense notamment au Never Stay Tuned 4 de Olibith. Il y a encore d’autre pistes à explorer comme celle qui va mélanger vie réelle et fiction.
Étant donné que de plus en plus de monde se penche sur ce phénomène, il faut espérer que les éditeurs de jeux y voient une opportunité d’autant qu’il en y a plusieurs (pubs indirectes pour le jeu, plus grandes communautés etc) et qu’ils équipent leurs futurs bébés de modes appropriés à l’exploitation de leur moteur de jeu en vue de la création de films. Si déjà on se dirige vers ça, ce sera un bon signe de reconnaissance.
Tu peux nous parler un peu de ce fameux "Project 8" que tu as cité plus haut ?
Juste avant de faire le zap, j’avais pour idées de réaliser un machinima qui durerait le temps d’une musique du groupe Trust Company, « Figure 8 ». Ca devait raconter l’histoire de la création d’un super soldat qui après une expérience se retrouve dans la cible de ses géniteurs car il à développé un côté « dark » qui lorsqu’il se manifeste devient incontrôlable. La vidéo commence sur un soldat écroulé sans aucun souvenir de qui il est et pourquoi il est là. Il est sur les restes d’un lieu qui semble avoir été l’endroit d’une scène de bataille. Un soldat arrive alors et notre inconnue en l’apercevant se remémore quelque souvenirs de son passé. Il décide de le suivre pour en comprendre plus et à ce moment apparaît aux yeux du spectateur la scène de bataille où son côté dark s’était fait ses poursuivant juste avant de tomber à terre par épuisement. Le reste de la vidéo il arrive à la base et inutile de te raconter la fin car je ne l’ai pas terminé. Mais je me dis que vue que l’on parle de mon parcours pourquoi pas te la montrer et autant que tu en comprennes un minimum le sens.
Hé bien merci beaucoup Vandya de t'être prêté au jeu des questions et d'avoir partagé un peu de ton univers avec nous.
Merci pour m’avoir consacré de ton temps ca m’à fait plaisir de te répondre, n’hésite pas à renouveler l’expérience pour d’autre choses.
Les premières minutes du projet avorté sont disponibles en téléchargement.
Entretien | BlueHunter | 24 août 2009
tags : machinima, interview, entretien, ,
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