Pluto et ses robots
Aujourd’hui, j’ai enfin lu la conclusion de Pluto, le manga de Naoki Urasawa et Takashi Nagasaki ! Après le premier tome j’avais patiemment attendu de réunir les sept suivants pour tout lire d’une traite. Maintenant que c’est fait, je suis à la fois très heureux et très très frustré.L’année 2003 est l’année de la naissance d’Astro, le Petit Robot (Tetsuwan Atom) dans le manga éponyme d’Osamu Tezuka. Ainsi en 2003, pour célébrer cette année-là l’auteur Naoki Urasawa avec son collaborateur Takashi Nagasaki crée Pluto, adaptation d’une des plus célèbres nouvelles du petit héros : Astro, le robot le plus fort du Monde sortie en 1964.
Pluto suit Gesicht le robot-inspecteur top moumoute d’Interpole en Allemagne. Il enquête sur la mort d’un éminent savant en robotique. Peu de temps après, Mont Blanc un célèbre robot pacifiste ayant participé à un précédent conflit armé est retrouvé lui aussi décédé. Les deux crimes semblent étroitement liés. Très vite, les morts chez les humains et les robots vont s’accumuler et l’enquête va prendre des proportions internationales.
C'est assez bizarre de voir Urasawa (Monster, 20th/21st Century Boys) au style lent et au trait réaliste adapter du Tezuka (Astro Boy, Black Jack, Le Roi Léo...) au dessin plus caricatural et au rythme rapide et incroyablement fluide. Tout au long des six premiers tomes, l'histoire s'appuie énormément sur le racisme des humains envers les robots et la capacité de certains de ces derniers à produire des émotions par eux-mêmes. Urasawa a ancré son récit dans un univers très vraisemblable visuellement mais beaucoup de détails qui passeraient sans problème dans le style de Tezuka, ont dû mal ici à mes yeux. Dès le début, on nous dit que Gesicht doit prendre des vacances au Japon et qu'avec sa femme ils essayent d'adopter un petit robot. Quand un robot prend des vacances ça s’appelle une "maintenance/mise en veille" et il n’a pas besoin de se décontracter dans un autre pays pour faire cela. Pourquoi un androïde policier et un androïde architecte voudraient adopter un enfant-robot ? Pourquoi sont-ils mariés en premier lieu ?
Les robots agissent constamment comme des humains et apparaissent toujours bien plus que des outils performants. A partir du moment que ces robots ont ce genre de comportement, les thèmes qui peuvent être abordés dépassent largement le “racisme” humain/robot et on pourrait aller voir du côté de “l’Homme se prenant pour Dieu”.
De plus, les capacités propres aux robots (back-up, changement de pièces, réseaux... bordel Internet quoi !) n'interviennent que pour faciliter le déroulement de certains passages et sont oubliés le reste du temps. La prise en compte de ces éléments inhérents à la technologie changeraient radicalement les évènements et surtout pourraient accentuer la haine de ces humains envers les robots qui leurs sont supérieurs dans bien des domaines physiques.
Je comprends bien qu'un des gros thème est la tolérance mais avec le style d'Urasawa remplacer les robots par des espèces vivantes (aliens ?) aurait été plus crédible de bout en bout. Ou alors montrer une différence claire et nette entre des robots à l'IA évoluées et ceux qui ne sont que des outils perfectionnés, avec des formes correspondants à leurs fonctions.
Quand un simple robot d’entretien d’espaces publics ou espaces verts a un corps pour "travailler" et un autre pour "la vie quotidienne", c'est qu'il y a un problème quelque part et on ne peut plus le désigner comme un "robot" terme s'appliquant aux machines automatiques n'ayant que pour unique but de faire les tâches pour lesquelles elles a été conçues.
Au delà de ça, l'enquête est vraiment prenante et les deux derniers tomes se recentrent sur cette histoire qui prend un coup de boost avec des révélations qui ont été bien amenées. J'ai trouvé certains personnages vraiment passionnants comme le professeur Tenma, Gesicht et Pluto. Mon seul regret est la frustration par rapport aux "robots" dans un monde au visuel si vraisemblable. Ces machines se montrent déjà passionnants dans leurs détails grillant la notion de "robot" dès le début et gagnant constamment en profondeur par la suite. Cela aurait pu ouvrir la porte sur d'autres thèmes très intéressants mais le récit reste et appuie énormément sur la question d'intolérance.
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