Dis papy, c'était comment Halo: CE ?
Récemment, en me baladant un peu sur la Halosphère Française, bien plus occupée à se splitter dans un Nème forum plutôt qu'à tenter de faire quelque chose de constructif, je suis tombé (un peu tard, certes) sur une chronique HaloCréa réalisée par Jefferson qui essayait d'expliquer aux petits nouveaux l'ambiance et la magie de Halo avant 2004, avant Halo 2, avant le Xbox Live, avant la MLG, avant Digital Phear etc.J'ai trouvée l'idée très intéressante mais n'ai pas pu m'empêcher de penser que ça a été fait un peu avec les pieds. Voici donc, tout en vidéos notre vision de cette époque d'alors.
On ne peut pas vraiment parler de l'époque Halo CE sans parler de ce qui a réellement lancé tout ce joyeux petit bordel et dans cette optique, avant de parler de site communautaires français à la Halo-game.com ou de quoi que ce soit d'équivalent, il faut bien comprendre que Halo est arrivé sur le tard en France. Ça a toujours été une affaire américaine et pourtant à l'origine tout n'était pas gagné, même là bas : le site de bungie n'hébergeait aucune statistique et n'avait donc aucune espèce d'importance pour les joueurs (d'autant que le community management à l'époque c'était aussi important pour les éditeurs que de pisser dans un violon en cas d'incendie) et se contentait surtout d'exposer à la face du monde qu'avant d'être le développeur d'Halo, Bungie avait œuvré sur des choses beaucoup moins avouables comme le navrant ONI ou des petites saloperies macs oubliées de tous.
Le site officiel halo.xbox.com n'était donc pas non plus un joli aimant à fanboys tel que peut l'être Halo Waypoint aujourd'hui et il n'y était pas question de gérer la communauté d'une quelconque manière. Déjà le thème était le générique Xbox.com et le contenu s'arrêtait à un vague résumé de l'intrigue (où l'on apprenait au passage que Master Chief était un cyborg), un launch trailer, quelques screenshots et des wallpapers (parmi lesquels des master-chiefs armés de lance flammes, arme pourtant restée en dehors du jeu jusqu'à Halo 3).
En fait il faut aussi être clair sur ce qu'était Halo pour Microsoft à l'époque : un jeu parmi les autres. Un jeu sympa, certes, mais qui a bénéficié de la même mise en avant qu'un Oddworld Munch's Oddyssey ou un Project Gotham Racing deux titres qui devaient faire les beaux jours de la console.
De fait, pour bien comprendre l'état d'esprit de 2001 à 2004 il faut comprendre que la communauté était rassemblée autour de Halo.Bungie.Org (HBO pour les intimes) tenu par le célèbre Louis Wu/Claude Errera (Dieu pour les intimes). Ça n'a peut être pas l'air quand on voit le site comme ça (et pour cause le design n'a pas changé depuis 1999), mais c'était alors un lieu d’effervescence incroyable ou tout un chacun pouvait proposer des créations et discuter de ses meilleures lan parties.
Parce que oui à l'époque il manquait deux choses fondamentales pour les joueurs d'aujourd'hui que sont le Xbox Live et Youtube.
Le manque du premier a donné lieu à la nécessité de réaliser ses parties multijoueur en local avec plusieurs consoles et écrans. Ce qui donnait parfois un résultat surprenant :
Mais avant tout cela donnait un aspect particulièrement social aux réunions de geeks fondus de frags : pour flinguer d'autres gens, pas d'autre moyen que d'avoir des amis. Et des amis qui veulent bien se faire lyncher à Halo, il n'y en a pas toujours eu des millions, de fait les gens trouvaient d'autres raisons de passer du temps dans le jeu. Et à ce petit jeu la physique des personnages, armes et véhicules a gagné haut la main et a largement amusé la galerie avec des vidéos lancées par la célébrissime "Warthog Jump" de Randy Glass en Février 2002 dont il tirera un remix trois mois plus tard.
Évidemment ce genre de vidéos a ouvert la voie à d'autres réalisations du même tonneau exploitant allègrement le moteur fendard d'Halo CE, sans pour autant avoir besoin de re-créer en long, en large et en travers l'histoire du jeu. Car voyez-vous à l'époque, il s'agissait d'un shooter et les gens le prenaient pour ce qu'il était. Ainsi sont apparu à l'été 2002 le Scottish Hunter du bien Français Djoey 154 détournant à son compte une chanson des Dropkick Murphys' :
Les premières ébauches de machinimas ne tardèrent alors pas à pointer le bout de leur nez encore un peu grossier avec notamment cette reprise mignonne de l'introduction de The Matrix. Le pistolet apparait en très gros et tout n'est pas forcément facile à comprendre si l’on n’a pas la scène bien en tête, mais l'effort est assez surprenant pour l'époque.
Les gens venaient donc régulièrement chercher leur came Halo sur HBO en sachant pertinemment qu'ils allaient pouvoir tomber à tout moment sur une petite perle de trucs complètement fous leur montrant des parties rythmées, des vidéos de lans, des officielle ou tout simplement des vidéo clip artistiques vraiment sympas tels les deux Sidewinder King réalisés dans Sidewinder et Blood Gulch.
Et là, l'air de rien en avril 2003, entre ceux qui vous expliquent que faire sous Halo quand vous vous ennuyez trop et ceux qui vous montrent que le Cartographe Silencieux ça se torche en légendaire en moins de quatre minutes, les petits rigolos de Rooster Teeth révolutionnent l'air de rien le Machinima avec la première saison de Red vs. Blue :
Une petite mode qui va bien entendu lancer tout une génération de machinéastes accros de la carte d'acquisition. On en voit notamment l'exemple type avec la suite de Sidewinder King qui intègre des dialogues ressemblant fort à ceux de Church et sa bande :
Qu'il s'agisse de machinima, de montages, de vidéo clips, de lans, la vidéo fait donc maintenant partie intégrante de la communauté Halo. Ce qui va d'ailleurs pousser Bungie à intégrer un moyen rapide de baisser les armes de manière visuelle dans Halo 2, puis d'intégrer un système complexe d'enregistrement de vidéos dans Halo 3 et Reach.
Mais ce qui tombe comme évidence aujourd'hui l'était beaucoup moins à une époque où Youtube n'existait pas et où les débits internet ne permettaient pas d'échanger des vidéos aussi aisément que par la suite. La solution a alors été offerte par les fans eux même qui payaient des bouts de serveurs d'hébergement. Une fois suffisamment d'espace réunis le site Mythica.org est devenu hébergeur officiel de HBO, puis le site a grossi et a obtenu un deuxième puis un troisième miroir d'hébergement. Les vidéos étaient alors compressées la plupart du temps en 240p 4/3, voire pour les plus téméraires en 480p, le tout compressé dans des infâmes codecs AVI ou QT bien dégueulasses comme on en faisait à l'époque. Seulement voilà, très rapidement tout le monde y allait de sa petite vidéo, de son petit morceau de clip, de son gameplay, de son machinima. Des mesures un peu plus sévères ont du être prises du côté de HBO qui a alors du instaurer en 2005 le Movie Peer Review Rating System qui a officié comme il pouvait jusqu'à fin 2006. Le principe était simple : pour chaque vidéo soumise, 10 jurys anonymes de la communauté faisaient une review en précisant ce qu'ils ont aimé, ce qu'ils ont moins aimé et ce qui devrait être bossé. Si la note moyenne des 10 reviewers était égale ou supérieure à 75%, alors le film était hébergé sur Mythica et une news était publiée, dans le cas contraire, l'auteur pouvait alors revoir sa copie ou était invité à aller se faire héberger ailleurs.
Ailleurs en l'occurence ça pouvait être ThatWeasel.TV, un site qui se faisait une spécialité d'héberger les vidéos ainsi refusées afin de construire sa propre base. L'homme avait de la suite dans les idées puisqu'il hostait un show propre au site thatweasel.tv et centré sur les grunts intitulé Grunts are People Too et dont l'un des épisodes n'était autre que Offend in Every Grunt.
Organisait également le concours annuel de vidéo Rocket On Prisoner dont la troisième édition n'a hélas jamais pu voir le jour, puisque That Weasel est décédé le 7 février 2006.
C'est en tout cas dans ce contexte que nous avons découvert la scène vidéo Halo US. Fin 2003, début 2004 RvB était devenu incroyablement populaire et certaines teams comme Rooster Teeth avaient une manière bien à eux de payer pour l'hébergement des vidéos en introduisant la notion de "sponsors", pour quelques poignées de dollars, il était possible d'obtenir le statut convoité de Membre VIP et ainsi de s'affranchir de publicité sur le site de rooster teeth tout en bénéficiant des épisodes dans une meilleure définition et en avant première.
A l'inverse les plus pingres des membres du site refusaient tout en bloc de payer pour avoir accès à du machinima et étaient considérés comme des 'Freeloaders', les parasites de la vidéo.
De cette situation, quelques "sponsors" ont même réalisé une série en dix épisodes intitulée "Sponsors VS. Freeloaders" où les freeloaders (rouges) sont dépeint comme des abrutis incapable d'aligner quelques mots mais particulièrement nombreux.
Mais au niveau des grosses séries, si Red vs. Blue tenait le haut du pavé, nous nous sommes tournés notamment vers les Canadiens de xboxottawa et leur série Fire Team Charlie qui a accumulé 18 épisodes de Juillet 2003 à Mars 2005.
C'est donc avec ces influences que nous avons commencé la production de nos vidéos pré-Halo2 en commençant doucement avec les petits clips WEF, une série de quatre vidéos mettant en scènes des sauts et différents tricks organisés en Warthog et largement inspirés de Randy Glass.
Puis par la suite avec l'achat de différents micros et d'adaptateurs sons en tous genres nous avons pu créer nos propres premiers films et rapidement les premiers BOB furent mis en ligne. Avec le peu de succès qu'on leur connait, mais hey, au moins nous avions fait le premier pas en important en France le concept tout Américain de la vidéo Halo. Il faudra pourtant attendre plus d'un an avant que la discipline soit reconnue en France et qu'une partie vidéo soit ouverte sur Halo.fr, puis un an de plus avant qu'un espace de discussion dédié aux machinimas et aux vidéos de frag soit créé.
Ah et à l'époque nous jouions avec des pads Duke. Comme des hommes.
Machinima | BlueHunter | 01 février 2012
tags : old, school, vieilleries, halo, ce
Aucun commentaire
Poster un commentaire