No time for love Duncan Jones !
Bon, puisqu'il faut bien parler un peu d'autre chose que de Machinima dans la vie et puisqu'on est en plein festival de Cannes, pourquoi ne pas aborder un peu le cinéma. Mais attention, le vrai hein, celui avec les star et les réalisateurs connus. Quoi ? Comment ? Du Spielberg ? Du Bay ? Du Kubrick ? Ha bah non ma bonne dame, juste ce bon vieux Duncan Jones !
On se dit souvent qu'il faut donner un petit coup de pouces aux gens sous-estimés. Nous personne ne nous file de coup de pouce et globablement notre site, le petit Duncan il doit s'en taper sévère, mais je trouve qu'il serait de bon ton de parler un tout petit peu d'un réal largement inconnu du grand public (pour le meilleur ?) et qui pourtant m'a fait incroyablement bicher en deux petits films qui, à leur manière, représentent bien une idée de la S-F 2.0.
Alors ouais, je sais bien, tous les ans on a un connard pour annoncer la venue du renouveau de la Sci-fi : quand le buzz n'est pas autour d'un sud-africain avec son style docu, c'est un bobo à lunette qui a fait fortune avec des mecs perdus qui essaye de dépoussierer une série vieille comme le monde. Car ne vous y trompez pas les amis : le Geek, c'est chic, et c'est surtout très tendance et s'il y a bien deux genres dont les geeks raffolent et qui se doivent d'avoir le vent en poupe c'est bien la Fantasy et la Science Fiction (qui n'est ni plus ni moins que de la Fantasy avec des boulons si l'on en croit certains).
Mais le sieur Duncan a un petit quelque chose en plus.
D'abord il est fauché. Ca c'est clair, d'ailleurs il le prouve dans son premier film Moon : il n'a pu se payer que deux acteurs dont un qui fait une voix off. Et, comme chacun sait, moins on a d'argent et plus on a d'idées. Et force est de constater que des (bonnes) idées, le monsieur il en a à la pelle, à commencer par son choix d'acteurs avec les excellents Sam Rockwell pour Moon et Jake Gyllenhaal dans Source Code qui ont libre court de faire leur petit numéro dans des scènes dédiées (il faut voir Rockwell péter son cable sur la lune et Gylenhaal réaliser l'enfer kafkaien de sa situation) alors qu'il les cadre et leur donne des limites dans le reste du film.
Ensuite il a la bonne idée de prendre un parti-pris initial fort (un mec seul sur une base lunaire depuis trois ans // un soldat coincé dans un programme informatique) et de ne pas s'en éloigner au profit d'une sous intrigue molasse comme on peut le voir trop souvent (que ceux qui voulaient voir du Bidonville alien dans District9 lèvent la main).
Enfin il a la bonne idée (et le bon goût) d'assumer ses inspirations et de les faires évoluer vers quelque chose de neuf, de différent. Alors oui, GERTY, le robot/IA qui tient companie à Sam dans Moon fait immédiatement penser au H.A.L.9000 de Kubrick et oui encore l'idée du Source Code est un habile mix de Matrix et de Retour vers le Futur. Mais jamais l'idée de semble être revendiquée comme neuve et jamais son utilisation fait dans la redite : GERTY ne devient pas psychopathe, le Source Code n'est pas un programme autonome qu'il faut combattre. Mais au lieu de ça ils servent un nouveau concept, une nouvelle idée qui part plus d'un "et si mon film préféré avait emprunté une autre voie" que de la repompe éhontée. Et ça j'aime.
Mais les idées ne sont pas tout chez Jones, qui a également une maitrise de sa mise en scène parfaite qui ne perd jamais le spectateur, y compris dans Source Code dont le postulat de départ est relativement mystérieux. Et une sens de l'esthétique très soigné: on a pas de moyen, mais le peu qu'on a, on le montre de manière classe sans céder aux sirènes du tape à l'oeil ou de la débauche cheapos. Duncan fait soigné, mais Duncan fait propre, se permettant de vous trimballer dans des films au postulat parfaitement répétitif (un mec seul dans des pièces vide // les mêmes 8 min de train répétées en boucle) sans qu'on ne s'ennuie une minute et en nous privant même - sadique - de sa maestria lorsqu'il accélère ses scènes ou nous coupe des parties entières de film.
Le tout porté par une influence assumée de la culture actuelle comme dans Source Code où l'aspect "Un jour sans fin" décris par Télérama devient alors pour le digital native que je suis une délicieuse utilisation du Try and Error propre à nos jeux.
Alors on s'en tape si des idiots de distributeurs ont fait passé Moon en direct to DVD en changeant connement le keyart, et on s'en tape si être le fils de David Bowie fait porter à Duncan Jones un nom d'acteur porno/catcheur au rabais pour certains chauve toulousains. Ce qu'il fait c'est de la sacré bonne came et si vous avez un tant soit peu le goût de la SF et l'envie de passer un excellent moment, il n'y a aucune raison de se priver et vous feriez bien de courir voir Source Code tant qu'il est encore à l'affiche et vous jeter Moon qui coute moins de 9€ en DVD et moins de 12€ en Bluray
Moon
2009, 97 min
Avec : Sam Rockwell, Kevin Spacey
Un homme chargé de faire de la maintenance sur une base lunaire déserte depuis trois ans commence à voir sa santé mentale se dégrader alors qu'il entame sa dernière semaine de service.
Source Code
2011, 93 min
Avec : Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright
Colter Stevens, un pilote d'hélicoptère en Afghanistan se réveille un matin dans un train en banlieue de Chicago. 8 minutes plus tard, une bombe explose. Colter découvre alors qu'il devra revivre encore et encore ces 8 minutes jusqu'à trouver le poseur de bombe.
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